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Notre voyage en Australie
18 décembre 2011

Saison 3. Episode 4.« La fois où on a ramassé plus d’oignons en deux heures qu’on en mangera de toute notre vie. »

Revenons quand même à la réalité. Souvenez-vous, nous sommes dans le Queensland, et nous venons de découvrir la population environnante et…oh, non, essuyez vos larmes et reposez la boite de Kleenex, nous n’étions pas encore si désespérés.

Une annonce venait d’être publiée, un français qui, prit d’une violente envie de raconter sa vie (un peu comme nous, ouais), racontait qu’il travaillait dans des champs et qu’il gagnait assez bien sa croûte. C’était à 150 bornes de Brisbane. Fallait sortir des oignons de la terre.

Honnêtement, à votre place, en lisant cette page, moi aussi je rigolerais. Assez fort. Puis je relirais la page. Et puis je rigolerais de nouveau. Assez nerveusement, cette fois. Je me gratterais la tête, incrédule. Puis je fermerais la page Internet pour aller allumer la télé, me servir un verre de jus d’orange ou faire une partie de poker en ligne. En gros, je trouverais ça un peu fou.

Faire l’équivalent d’un Paris-Le Havre (dans cet ordre là oui, c’est dire la tristesse) pour aller chopper un job de coupeur d’oignons, plutôt crever…

En Australie, aussi pathétique que cela puisse paraître, ça se fait. Alors restez devant votre ordinateur.

Vous savez, sur l’échelle des « jobs à la noix que Dame Nature a créé », on se trouvait, à ce moment précis, bien, bien bas.

Et à ce moment très précis, il était 5h du mat’. Parking du Super U (enfin son frère jumeau australien, dénommé « Coles » et non pas « Sioupeur You » pour les blagueurs, je vous vois venir…). Parking du Coles, donc. Des backpackers, partout. Et des Chinois. À la pelle. Des caricatures d’asiatiques tout droit sortis de « Fast and Furious », avec les mêmes voitures, à cinq ou huit dedans, mais en pas méchants. En rigolo. Mais là, je m’égare.

Bref, tout le monde se regardait, se scrutait. Et visiblement, tout le monde attendait la même chose. Puis, des voitures se sont mises à démarrer, et en l’espace d’un instant, le cortège s’en est allé, Many dans sa roue. Telle une chenille géante, une quarantaine de véhicules traversèrent ce patelin de 4000 habitants pour rejoindre l’autoroute, jusqu’à un champ situé 30kms plus loin.

Un secateur dans une main, un panier dans l’autre, Flore et moi regardions la cage de bois d’un mètre cube qui se dressait devans nous. Fallait mettre des oignons dedans. Plus vite que nos voisins, plus vite que ces foutus automates de chinois.

A ce moment très précis, il était 6h du mat’. Pas besoin d’être une lumière.

Puis tous les oignons ont été coupés. Le champ était vide. Un chinois avait rempli quatre mètres cubes à lui tout seul. Nous, un mètre cube d’oignons, plein à ras bord. Mais à deux. À ce moment très précis, il était 8h30 du mat’. La journée de boulot était terminée.

Pour l’argent, rendez-vous au camping du coin. Ah oui au fait, on était payé au black. Le boss arrive, derrière ses vitres teintées. Agglutinés à la porte arrière de sa voitures, tous les travailleurs du matin se collaient comme des mouches sur un bifteck pour obtenir ses quelques dollars. Lui tenait dans sa main pleine de bagouzes des liasses de billets verts qu’il sortait d’une malette croco. Ne lui manquait que le gros manteau en fourrure de koala, mais il faisait trop chaud, il avait du le laisser chez lui. La scène faisait froid dans le dos, rappelant des camés se bousculant pour avoir leur dose autour d’un toxico blindé aux as, pur extrait de « Requiem for a dream ».

M’arrachant de mes pensées lointaines, Flo revenait enfin avec notre chère paye. À ce moment très précis, il était 17h. On s’était fait 40 dollars, à deux.

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