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Notre voyage en Australie
6 mai 2012

Saison 6. Episode 2. "La fois où le spectacle, c‘était la route."

C’était le moment. Celui où, bien calés sur les sièges avant du van, nous fixions incrédules la pancarte annonçant les prochaines ville-étape, accompagnées de leur distance en kilomètres. Manny, garé sur le bas-côté, ronronnant doucement à 1500 t/min, trépignait d’impatience. Et prenait une dernière grande inspiration, la peur au réservoir, comme un enfant avant son jour de rentrée en maternelle. Dans ses phares, le panneau le surplombait d’un ton hautain. Alice Springs : 1221 kilomètres.

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C’était le crépuscule. C’était la Stuart Highway.

Avant de rejoindre le premier campement, 34 bornes. Ouf, ç’aurait pu être pire. Contemplant l’horizon, c’est-à-dire là où disparaissait la route, nous avions à peine eu le temps de voir arriver un road train dans nos rétroviseurs, qui enrhumait notre minuscule Manny dans un nuage de poussière indécent. Pour la précision, un road train et le mutant australien de notre semi-remorque européen : non pas une, mais quatre remorques. Les plus petits n’en ont que trois.

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À une cinquantaine de mètres de la route sur la droite, un « vrai » train filait paisiblement sur son chemin de fer. Une locomotive pour 73 wagons, nous apprenions le goût de la démesure australienne en accéléré. À gauche, un pipeline semblait prendre la même direction que nous, sans détours. Autour, la brousse et un coucher de soleil. Décor planté.

Les absurdités défilèrent sans aucune logique. Un fauteuil de salon capitonné trônait sans éclat sur un tapis de terre rouge au kilomètre 337. La ville de Coobber Pedy étalait ses mines d’opal dans un rayon de 60 kilomètres, constellées d’un million de tas blancs issus de forages répétitifs. Jusqu’à en boucher l’horizon. Une véritable apocalypse, où des hybrides mi-bus scolaires rouillés mi-grues et des camions-bennes des années 1960 se disputaient les rôles principaux, comme figés dans le temps, dans une fantastique réplique du navet Super 8 de Steven Spielberg.

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Puis des vaches mortes. Encore fraîches pour certaines, gonflées par la décomposition pour d’autres. Par paquets de trois. Les road train ne s’arrêtent pas pour dormir la nuit, lorsque tous les bovins sont gris. Puis les carcasses animales laissèrent place aux carcasses automobiles. Régulièrement, une voiture pillée de ses roues, ou dépouillée de ses sièges, ou calcinée jusqu’à l’antenne, voire les trois en même temps, gisait au pied d’un arbre dans un repos éternel. Nous réprimions un frisson Manny et nous quand il s’agissait d’un van affligé du même sort.

Plus loin, un aborigène faisait du stop (du mauvais côté de la route, comme pour souligner l’ironie de sa situation) à côté de sa voiture après une embardée. Un cycliste faisait sa promenade du matin sous un soleil de plomb et sur un goudron tremblotant de chaleur, à 200 bornes de toute civilisation, comme s’il sortait de derrière un buisson pour nous faire une caméra cachée. Sans compter le mec qui tirait sa charrette (à la force des bras), lui aussi tout autant éloigné de ce qu’on appelle « une ville ». Ni le dromadaire qui avait surgit de nulle part, traversant la route à une centaine de mètres devant le van, nous obligeant à nous arrêter (pour une fois). Comme conscient de sa splendeur, il s’arrêta pour se faire prendre en photo, avant de rejoindre ses copains bossus.

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Puis la route se transforma en piste d’atterrissage pour avions, pour les cas d’urgence sûrement. Mais Manny ne décolla pas, lui. Il croisa seulement un convoi exceptionnel, une sorte de camion sur lequel était juchée une maison d’environs 80 m². Démodés, IKEA et ses maisons en kit. Déçus, nous avions remarqué qu’elle ne faisait qu’un étage. Mais ça valait bien l’autre convoi croisé quelques heures auparavant. Un tank militaire. Enfin, c’est ce qu’on avait cru voir…

Pour compléter ce tableau surréaliste, Flo se fit arrêter au volant par les flics à 9h45 du matin. Pour un alcootest. « Négatif », pour les plus mauvaises langues d‘entre vous.

On s’est pincé le bras, mais on s’est pas réveillé. C’était la Stuart Highway.

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Commentaires
M
Ah bah tu vois Morgan, les Français relou qui ont failli (je dis bien failli, il en aurait fallu un peu plus quand même^^) gâcher notre dernier soirée à Adélaïde avaient raison! Mauvaise langue vas :)
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